Son père (William) et sa mère (Emma) étaient épiciers en gros. Ils avaient
loué une modeste épicerie dans la rue principale de Leytonstone.
Alfred était le cadet des trois enfants, l'ainé - William - était né en 1890
et sa soeur - Eileen - en 1892. Alfred gardera toute sa vie des rapports
extrêmement distants avec son frère et sa soeur. Le petit Alfred fut un enfant
extrêmement solitaire et très peureux. Il dira plus tard :
-
"Je ne me souviens pas d'avoir jamais eu un compagnon de jeu. Je m'amusais
tout seul et je m'inventais des jeux"
- "Je connais la peur depuis mon enfance et je pense que c'est un sentiment
universel que les gens aiment éprouver quand ils se sentent en sécurité, comme
c'est le cas lorsqu'ils sont assis dans une salle de cinéma. Je déteste le
suspense, c'est pourquoi je n'ai jamais voulu qu'on fasse un soufflé chez moi
tant qu'il n'y a pas eu un fourneau avec une porte en verre ! Il fallait
attendre quarante minutes pour savoir si le soufflé était réussi et c'était
plus que je ne pouvais supporter".
De son père, Sir Alfred hérita d'un amour
inconsidéré pour la nourriture ce qui explique l'allure
rondouillarde qu'il arbora relativement jeune,
jusqu'à peser près de cent soixante kilos au début de sa carrière américaine !
Les films d'Alfred Hitchcock sont parsemés de références
au métier de son père.
Par exemple, dans le film Agent secret, John Loder (le héros du film) se déguise en épicier pour
démasquer des espions. Un des derniers film
d' Alfred Hitchcock, Frenzy, se déroule en grande
partie dans le marché aux fruits et légumes de Covent Garden. De même, le
scénario du dernier film sur lequel Hitchcock a travaillé The short night contient quelques scènes du marché d'Helsinki.
En 1979, la princesse Grace de Monaco confiait:
"Hitchcock est français par son coté gourmet, il aime beaucoup la cuisine et les
vins français. Quand nous avons tourné La main
au collet et déjà sur le tournage de
fenêtre sur cour, Hitchcock faisait le régime car il voulait disposer de
cinq kilos "to play with", c'est à dire pour pouvoir grossir en mangeant bien
en France. Quand il est arrivé pour tourner, il a mis trois jours pour
descendre de Paris à Cannes en s'arrètant dans les grands restaurants...
"
L'anecdote la plus célèbre sur l'enfance
du petit Alfred est l'épisode du commissariat de police qui fut raconté entre
autres par Patricia Hitchcock,
la fille de
Sir Alfred. Le père d'Alfred Hitchcock était un grand nerveux à l'humour
difficile. Lorsqu' Alfred était agé de quatre ou cinq ans, il l'envoya au
commissariat (car le père y connaissait le commissaire) avec une lettre.
Après lecture de la lettre, le commissaire enferma le petit Alfred durant
quelques minutes dans la cellule du poste de police ! En dehors du coté traumatisant de l'incident, la punition reçue par ce gamin de
cinq ans fut des plus profitable pour le cinéma, car la terreur qu'inspirait à
Hitchcock les policiers se retrouve dans la majorité de
ses films. Vous pouvez
entendre Alfred Hitchcock raconter cette anecdote.
La plupart du temps, Hitchcock se venge en présentant les policiers comme des
incapables complètement à coté de la vérité. Pour ne citer que les
références les plus célèbres: La mort aux
trousses, La main au collet ou bien
Le crime était presque parfait. Cependant, ce n'est que dans son dernier scénario
The short night que l'histoire est citée
textuellement.
Alfred Hitchcock s'en est également pris aux prêtres car ses parents
(catholiques, chose rare en Angleterre) l'avait placé dans un collège de
Jésuites où le petit Alfred était terrorisé par les châtiments corporels. Cette animosité vis-à-vis du clergé se retrouve entre-autres dans
La loi du silence,
Le faux coupable et
Complot de famille.
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