Suspicion (1941)
Soupçons
Origine : US
Scénario: Samson Raphaelson, John Harrison, Alma Reville
Réalisation: Alfred Hitchcock
Durée: 99 mn
Lina Mc Kinlaw (Joan Fontaine), une
jeune fille timide de la "bonne" société britannique (fille de général) tombe
amoureuse de John Aysgarth
(Cary Grant), un play-boy dépensier que
Lina prend pour un riche fils de famille. Malgré
l'opposition de ses parents, Lina épouse John et le couple part
s'installer dans une superbe villa dans le Sussex. Lina apprend
rapidement que son mari n'a ni fortune, ni envie de travailler et qu'il compte vivre des
rentes de la famille Mc Kinlaw. John retrouve un de ses amis nommé
Beaky avec lequel il projette de
monter une affaire immobilière. Lors d'un voyage à Paris, Beaky meurt
et Lina est alors persuadée que John est un assassin qui tôt ou tard
de débarassera d'elle pour hériter de sa fortune. L'épilogue montre que les
soupçons de Lina n'étaient qu'une invention et que Beaky est
bien mort accidentellement...
Ce film est la deuxième collaboration entre Hitchcock et
Joan Fontaine, la jeune actrice qu'il avait
révèlée dans
Rebecca, sa première réalisation américaine. Agée de 24 ans
au moment du tournage de Soupçons, son role de nunuche effarouchée lui vaudra
l'oscar de la meilleure interprètation féminine en 1942.
Hitchcock étudie ici les fantasmes d'une petite bourgeoise qui épouse un aventurier
pour échapper (inconsciemment ou non) au carcan d'une famille bourgeoise.
Elle rencontre John un première fois au hasard d'un compartiment de train
(où il lui emprunte quelques pièces de monnaie pour payer son billet) puis au hasard
de réceptions mondaines où le malotru s'incruste sans aucune gène apparente.
John est réellement amoureux de Lina car elle est soumise et lui
permet de vivre à peu près correctement sans travailler.
Tout ce petit monde continurait son bonhomme de chemin sans l'intervention de
Beaky, l'ami de galère de John dont la bonhommie et la
crédulité apparente vont provoquer chez Lina un horrible soupçon
La peur et l'angoisse font partie selon Hitchcock des fantasmes les plus
courants chez l'être humain. Lina pousse ses fantasmes jusqu'à imaginer la
mort de Beaky (précipité du haut d'une
falaise par John), puis la
sienne avec la fameuse scène de John montant un verre de lait qu'elle
pense empoisonné.
La scène est typique du cinéma d'Hitchcock, avec un
escalier aux ombres menaçantes. L'attention
du spectateur est attirée par l'étonnante luminosité du verre. Hitchcock expliquera
cet effet plus tard à
François Truffaut
F.T. Lorsque Cary Grant monte l'escalier, c'est très bien
A.H. J'avais fait mettre une lumière dans le verre de lait
F.T. Un projecteur dirigé vers le lait ?
A.H. Non, dans le verre. Parce qu'il fallait que ce fût extrêmement
lumineux. Cary Grant monte l'escalier et il fallait que l'on ne regardât que ce verre
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