Hitchcock, la légende du suspense

L'ombre d'un doute

 

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Shadow of a doubt (1943)
L'ombre d'un doute

Origine : US
Scénario: Sally Benson, Joan Harrison, Gordon McDonell, Alma Reville, Thornton Wilder
Réalisation: Alfred Hitchcock
Durée: 108 mn

Charlie Oakley (Joseph Cotten), un assassin de riches veuves est recherché par la police. Il trouve refuge chez sa soeur dans une petite ville de Californie. Charlie Newton (Teresa Wright), sa jeune nièce commence à le suspecter. Deux policiers se présentent lors comme étant des journalistes. L'un deux, Jack Graham (Mac Donald Carey) est séduit par la jeune femme et lui raconte la vérité sur son oncle. Se sentant suspecté , l'oncle Charlie tente par deux fois de supprimer sa nièce puis décide de quitter la ville. Dans le train qui l'emmène, il se bat avec sa nièce et tombe sous les roues du train arrivant en sens inverse. Après les obsèques de l'oncle Charlie, la nièce et Jack resteront les seuls à connaître la vérité.

Timide apparition d'Hitchcock (de dos...) au début du film.

Une fois de plus chez Hitchcock, le cadre de l'histoire est une famille moyenne. Hitchcock utilise une symbôlique très poussée tout au long du film (la fumée noire sortant de la cheminée du train à l'arrivée de l'oncle - symbolisant le mal, la fumée devient blanche lorsque celui-ci quitte la ville). Fait rarissime pour l'époque, ce film fut tourné en décors naturels dans la ville de Santa Rosa en Californie avec les habitants comme figurants. La maison fut louée à un habitant de la ville de condition sociale équivalente à celle de Joseph Newton, le beau-frère de l'oncle Charlie. Hitchcock raconte d'ailleurs une anecdote amusante à ce sujet :
"Lorsque nous sommes revenus dans la ville avant le tournage, le type, tellement ravi que sa maison soit dans le film, l'avait repeinte. On a été obligé de tout repeindre "en sale" et naturellement, à la fin du film, nous lui avons tout repeint à neuf..."

Comme L'inconnu du nord express, Psychose et Frenzy, ce film traîte de la complémentarité de deux personnalités. Dans tous ces films, les personnages prennent conscience de par leurs doubles, de leurs tendances perverses.

Dans le fameux numéro des Cahiers du Cinéma d'octobre 54,
Truffaut, dans un article intitulé "Un trousseau de fausses clefs", explique brillament pourquoi Hitchcock est bien un réalisateur majeur du cinéma, un "auteur". Lorsqu'il arrive à l'ombre d'un doute, il écrit:
Nous arrivons à L'ombre d'un doute qui est (après Soupçons) le second film très important d'Hitchcock. Ici un jeu de 16 photogrammes tirés du film ferait bien mon affaire mais, puisque c'est impossible, puisse le seul langage les remplacer tant bien que mal.

Profitant de l'évolution de la technologie, il nous donc semblé judicieux de retranscrire ce texte mais en y incluant les photos du film, ce que Truffaut n'avait pas pu faire 40 ans plus tôt...

1� Une chambre de meublé: sur le lit est étendu, tout habillé et pensif, Oncle Charlie (Joseph Cotten). Point capital: la tête est vers la droite de l'écran et derrière, à droite du mur, se trouve la porte

2� Deux hommes cherchent Cotten, il sort de chez lui, il est filé, mais parvient à semer les deux policiers

3� Dans une petite ville américaine. Une chambre: sur le lit est étendue toute habillée, pensive, Charlie Newton, la nièce d'Oncle Charlie (Teresa Wright). La mise en scène de cette séquence est identique à celle que nous présentait Cotten, mais elle est inversée: la tête de Teresa Wright et la porte du fond sont à gauche de l'écran

4� Une sorte de désarroi moral s'est emparé de la famille Newton. Charlie propose d'inviter Oncle Charlie à passer quelques semaines parmi eux, elle se rend à la poste pour envoyer le télégramme mais, précisément, un télégramme arrive pour les Newton: Oncle Charlie y annonce sa venue

5� Oncle Charlie arrive, toute la famille Newton est sur le quai de la gare pour l'attendre


 

6� Oncle Charlie est depuis quelques jours l'hôte de la famille Newton et tout semble se bien passer, seul le public à deviné qu'Oncle Charlie est l'assassin des riches veuves, que la police recherche

7� Deux jeunes gens qui se disent journalistes mais dont le spectateur, en même temps que Cotten, devine qu'ils sont policiers, viennent à deux reprises dans la maison, interrogent la famille et photographient, malgré lui, l'Oncle Charlie

8� L'un des deux prétendus journalistes, Jack Graham, emmène Charlie au cinéma. Au retour tous deux s'assoient sur un banc public. Charlie refuse de croire à la culpabilité de son oncle, mais promet au policier de ne rien lui dire

 

9� L'enquête avance. Oncle Charlie commet deux maladresses qui éveillent et fortifient les soupçons de Charlie

10� Un matin, devant l'église, le policier annonce à Charlie qu'ils seront définitivement fixés dans quelques jours: la police suit, dans l'Est, un autre suspect dont les passages dans les villes ou des meurtres furent commis correspondent aux dates ou ils furent commis

 

11� Suivent alors deux tentatives de meurtre (déguisées en accident) sur la personne de Charlie. (On nous aura montré Cotten sciant une marche d'escalier, lâchant les gaz de la voiture et bouclant le garage.) Mais, un soir, Oncle Charlie annonce son départ. L'homme qu'on pistait dans l'Est, le second suspect, s'est enfui comme on l'appréhendait sur un terrain d'aviation et il est mort, broyé par les hélices d'un avion

12� Convaincue de la culpabilité d'Oncle Charlie, sa nièce ne veut pas le dénoncer: "Ta mère en mourrait", dit-il, mais elle le supplie de s'enfuir, il refuse

 

13� L'enquête est close, mais Charlie parlera-t-elle? Deuxième scène de gare: la famille Newton accompagne le cher Oncle Charlie au train, les enfants veulent monter. Charlie les accompagne. Le train part, les enfants descendent mais Cotten empêche Charlie de descendre et dès que le train à pris de la vitesse, il tente de la jeter dans le vide, mais elle se débat et c'est lui qui tombe, broyé par un train venant en sens contraire

14� Dernière séquence. Deuxième scène devant l'église: seul Charlie et Jack, qu'elle épousera, savent la vérité, on entend de l'église l'éloge funèbre d'oncle Charlie, le bienfaiteur. Mais cette église retentira plus tard d'une marche nuptiale: Charlie sera la femme de Jack, elle sera femme.

Au thème de l'identité dont j'ai peine à croire qu'il soit inconscient ici (!) doit logiquement correspondre une obsession du chiffre deux, et c'est effectivement ainsi que s'ordonne l'extraordinaire construction rimée de ce film.

Identique présentation des Charlie, deux scènes d'église, deux scènes de garage, deux visites des policiers dans la maison, deux scènes à la table des Newton, deux tentatives de meurtre, deux scènes de gare encadrent l'action et, surtout ceci qui est admirable, deux suspects, l'un à l'Ouest, l'autre à l'Est, qui mourront tous deux déchiquetés, emportant avec eux leur secret.

François Truffaut.

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